mercredi 9 novembre 2011

Tete de tueur ("Bien vu", Figaro, 7 novembre 2011)

« Allez savoir qui est le coupable, ils se ressemblent tous ! », grommelait Robert Dalban dans les rues de Hongkong. Cette remarque du Monocle rit jaune résume à merveille l’émission «Faites entrer l’accusé ». Ici, on fait l’archéologie d’un fait divers jugé et classé. Dans l’affaire d’hier soir : un crime atroce. En Provence, une mère et sa fille sont séquestrées, torturées, égorgées et finalement carbonisées. Le genre d’anecdote dont on lit les grandes lignes en une de Détective, et que ce reportage nous livre sur un plateau d’argent, à l’heure du dernier verre (22 h 50). On en suit toutefois l’enquête avec une gourmandise un peu lasse, une curiosité morne. Car l’ensemble a beau être dramatisé à l’extrême (effets de lumière ; musique de film X des années 1980 ; policiers, magistrats et témoins interviewés dans des éclairages tamisés), on retombe toujours sur la même constatation : rien de plus banal qu’un crime. N’était l’horreur de l’affaire, c’est bien la banalité que dépeint cette émission. Banalité des personnages, des lieux, des visages, des propos. Massacre à la tronçonneuse s’invite chez Jean-pierre Pernaud. « Quand on balade un chien, on n’a pas grandchose à faire », remarque une voisine des victimes, pomponnée et frétillante de ce quart d’heure de célébrité. Puis, tout à coup, apparaît l’avocat de l’assassin: maître Guillaume de Palma. Et là, on est enfin au spectacle : gominé, un costume à rayures tennis, une carrure de docker, un accent d’entraîneur de foot marseillais, des foucades de molosse, des grâces de mafieux. Avec lui, plus besoin d’effets visuels. Toute l’émission prend son sens et son sel. On rêvait d’une gueule d’assassin, d’une vraie tronche de coupable : la voilà enfin. Vive le barreau !

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