samedi 12 décembre 2009

La Mélodie du bonheur au Châtelet (Figaro, 12/12/2009)




La Mélodie du Bonheur, c’est comme la presse tabloïde : tout le monde l’adore, tout le monde la connaît par cœur, mais personne n’ose le dire. A tort ! Cinquante ans après sa création à Broadway, Sound of music de Richard Rodgers et Oscar Hammerstein reste un des chefs d’œuvres de la comédie musicale américaine. C’est donc avec une curiosité (teintée d’inquiétude) qu’on l’attendait sur la scène du Châtelet. Rangeons nos scrupules au placard : ce spectacle est une complète réussite qui titille nos âmes d’enfant et transforme le public parisien en une immense cour de récréation béate et enchantée.
La grande force du metteur en scène Emilio Sagi est d’avoir monté l’œuvre telle qu’elle, sans dictature du sous entendu. Comme pour le célèbre film de Robert Wise, nous sommes dans le premier degré, et ça fonctionne. Il faut dire que ce Musical se suffit à lui-même : l’histoire bien réelle de la famille von Trapp, ces Autrichiens chanteurs qui fuirent le nazisme après l’anschluss, est parfaitement fagotée. Le génie de Rodgers et Hammerstein a fait le reste, car on ne compte plus les tubes : « Do, re, mi », « Edelweis », « My favorite things », « climb every mountain », « the sound of music ». Pour entonner ces standards, la distribution mêle astucieusement chanteurs lyriques et voix de musical. Ainsi la grande Kim Criswell, en (périlleux) contre-emploi dans le rôle de la mère supérieure. Ainsi les excellents barytons « classiques » Rod Gilfry et Laurent Alvaro. Le personnage de Maria, la novice qui découvre l’amour par la musique, est épineux. Elle doit esquiver la niaiserie tout en restant candide. La soprano anglo-espagnole Sylvia Schwartz y est absolument remarquable, évitant mièvrerie et racolage pour rendre Maria à la fois godiche et touchante, sensible et humaine. Comme l’ensemble de la distribution, elle se montre parfaite comédienne et s’amuse autant que le public. Enfin, vrai spécialiste de ce répertoire, le chef Kevin Farrell dirige un orchestre Pasdeloup qui ne sonne pas toujours très Broadway mais s’en tire avec les honneurs. Un enchantement !

Aucun commentaire: