Une décennie après le Loft et sur les décombres de mille
navrants télé-crochets, France 5 nous propose un oxymore révolutionnaire :
le reality show qui pense. Mieux : le reality-show écoresponsable. Pour lutter contre la malbouffe, la ravissante
Eglantine Eméyé impose à cinq familles toulousaines une étrange disette :
durant trente jours, ils ne devront consommer que des aliments produits dans un
rayon de 200 kilomètres. Ils seront « locavores ». In abstracto, ça
parait faisable. En vrai, c’est plus duraille. On s’en doute : adieu
sodas, ketchup, bonbons ! Mais il faut aussi vouer aux gémonies le café,
les pâtes, le lait d’Allemagne, le jus d’orange de Floride, voir le sel de
Camargue… Bref : c’est la table rase en cuisine, l’an 01 au frigo. L’épreuve
est d’autant plus difficile que certaines de ces familles portent (hélas) sur
le tour de taille les stigmates d’une alimentation déséquilibrée. On se doute
que les producteurs de l’émission auront pris soin de choisir un panel
représentatif du consommateur toulousain : une mère célibataire et ses
trois ados râleurs ; une famille de méridionaux replets et
rigolards ; un jeune couple de bobos régressif et leur toutou… On
remarquera toutefois que ce choix reste lui aussi centré sur les 200 km du cru.
On est dans le 100 % français, ce qui n’est guère révélateur de la diversité
sociale de la région toulousaine. Cette monochromie finit d’ailleurs par donner
un côté joyeusement poujadiste à l’exercice. Que voit-on, après tout ?
Des petits bourgeois qui s’acharnent à manger français, boire français,
cuisiner français, « comme papy et
mamie ». A France 5, la terre ne ment pas.
200 km à la ronde, France 5, 20 h 35
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