Avec sa mine de croque-mort
grivois et ses regards de paillard encravaté, Thierry Beccaro nous annonce dans Télématin une
information essentielle : ce printemps, 80,5 % des Français manquent de
soleil. Le temps saumâtre qui arrose la France depuis des semaines serait un
danger pour la population hexagonale. Perte de la résistance osseuse, dépression,
recrudescence des cancers de sein, de la peau : tout y passe ! Il
aura fallu attendre docteur Télématin
pour comprendre que notre pays est vraiment malade. Les principales victimes de
ce mauvais temps ? Les électeurs du Front National. Pas un journal
télévisé, pas un édito de radio, qui ne prenne ces 6 millions de votant avec une précision toute
médicale. On parle de « mal
français », de « peuple qui
souffre ». Ce ne sont pas des votants, ce sont des grands malades. A
croire que Marine ne se manipule qu’en charlotte et chambre stérile. Peur de la
contagion ? Difficile à dire. Jamais ils ne sont présentés comme des gens
sains de corps et d’esprits ayant pris leur bulletin à bras le corps. Non
non : ils sont forcément infectés d’un bacille, quelque chose de tourne
pas rond, leur équilibre biologique est en péril. Comme le nom de Dieu dans
certaines religions, ces créatures étranges incarnent une entité qu’on n’ose
nommer, de peur de déchaîner quelque colère. Alors on joue les ellipses, les
périphrases. On contourne, on louvoie. Mais les deux candidats ont trop besoin
de ces grands malades s’ils ne veulent pas être eux-mêmes condamnés. Aussi
dansent-ils du ventre devant l’hôpital, pour séduire les lépreux Comme dirait
Beccaro : « c’est pas tout à
fait, mais c’est pas tout à fait non plus ». La politique est une
science exacte…
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