À toute époque de son histoire, l’homme s’est vu réduit à du
bétail. Esclave sous l’antiquité, chair à canon durant les guerres, insecte
nuisible aux yeux d’idéologies mortifères : l’être humain en a beaucoup bavé.
Aujourd’hui que nos sociétés occidentales se croient « civilisées », on a cessé
le massacre. Disons que le curseur s’est déplacé et que notre animalité est
devenue un objet d’étude et de spectacle. Ainsi, une émission comme « La Belle
et ses princes presque charmants » est-elle une observation entomologique élevée
au rang de divertissement. Blonde bimbo méridionale, Marine (!) est enfermée
dans une maison avec 20 prétendants : 8 chippendales débiles et bronzés, 12
geeks binoclards et câlins. À elle de faire son choix entre l’amour du corps et
celui du coeur. D’un côté : des basketteurs peroxydés ; de l’autre : des
rouquins rachitiques ou grassouillets. Et Marine de hululer, de dandiner, de
roucouler, philosophant à loisir sur les élans du coeur. L’auteur de cette
chronique défie quiconque de tenir plus d’un quart d’heure devant un spectacle
aussi affligeant. Le téléspectateur a le sentiment de tomber sur une de ces
revues médicales pour légistes ou dermatologues, dont les seuls spécialistes
peuvent supporter la vision. Jadis, des médecins faisaient des expériences sur
des cobayes vivants. Aujourd’hui, ce n’est guère mieux. On jette une faune
inepte dans un tube à essai, on agite le tout, et on regarde cette humanité
indigne de son nom croupir dans sa bêtise, son inculture et sa laideur. Le
naturalisme avait un sens lorsqu’il était transfiguré par l’art. Ici, on
contemple la piteuse agonie d’un zoo. La mort annoncée d’une espèce en fin de
règne. Atroce.
dimanche 29 avril 2012
mardi 24 avril 2012
Le Pavillon des cancéreux (Bien vu, Figaro, 25 avril 2012)
Avec sa mine de croque-mort
grivois et ses regards de paillard encravaté, Thierry Beccaro nous annonce dans Télématin une
information essentielle : ce printemps, 80,5 % des Français manquent de
soleil. Le temps saumâtre qui arrose la France depuis des semaines serait un
danger pour la population hexagonale. Perte de la résistance osseuse, dépression,
recrudescence des cancers de sein, de la peau : tout y passe ! Il
aura fallu attendre docteur Télématin
pour comprendre que notre pays est vraiment malade. Les principales victimes de
ce mauvais temps ? Les électeurs du Front National. Pas un journal
télévisé, pas un édito de radio, qui ne prenne ces 6 millions de votant avec une précision toute
médicale. On parle de « mal
français », de « peuple qui
souffre ». Ce ne sont pas des votants, ce sont des grands malades. A
croire que Marine ne se manipule qu’en charlotte et chambre stérile. Peur de la
contagion ? Difficile à dire. Jamais ils ne sont présentés comme des gens
sains de corps et d’esprits ayant pris leur bulletin à bras le corps. Non
non : ils sont forcément infectés d’un bacille, quelque chose de tourne
pas rond, leur équilibre biologique est en péril. Comme le nom de Dieu dans
certaines religions, ces créatures étranges incarnent une entité qu’on n’ose
nommer, de peur de déchaîner quelque colère. Alors on joue les ellipses, les
périphrases. On contourne, on louvoie. Mais les deux candidats ont trop besoin
de ces grands malades s’ils ne veulent pas être eux-mêmes condamnés. Aussi
dansent-ils du ventre devant l’hôpital, pour séduire les lépreux Comme dirait
Beccaro : « c’est pas tout à
fait, mais c’est pas tout à fait non plus ». La politique est une
science exacte…
dimanche 15 avril 2012
"ça sent la merguez!" (Bien vu, Figaro, lundi 16 avril 2012)

dimanche 8 avril 2012
La rhétorique mène à tout (Bien vu, Figaro, lundi 9 avril 2012)

Vaut peut-être mieux qu’ils restent à la maison, en fait.
dimanche 1 avril 2012
Tout sur le Poutou (Bien vu, Figaro, 2 avril 2012)

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