Il est vrai que ce style, si dense, si riche, si "francais" ; encombré de cent noms stériles et d'inutiles pléonasmes ; ce style crachant milles salades décrépites à la face aveugle et inerte de son prochain ; ce style impérieux enfin, parfois baratineur, sied bien mal à des sentiments si simples et si communs que la courte joie d'un homme, sa tristesse succincte, ses brèves passions, ses petites hontes passagères, ou la surprise, puis le chagrin qu'il éprouve en découvrant, face à son âpre miroir doré, que son peigne est brutalement retenu par deux petites cornes de bois aux cotés de son crâne... L'emphase ne peut qu'entraver notre époque. La mode est à monsieur Tout-le-monde, ce que la grandiloquence est aux génies ; aux génies du mal ou aux génies du bien, qu'importe ! Elle est aux génies narcissiques... Quel style adopteriez-vous pour faire l'éloge d'un conquérant, de JJ Rousseau, de Baudelaire, de Dom Juan, du Lorrenzo de Musset, ou de n'importe lequel de ces sages fous, si français dans leurs âmes égocentriques ? Réponse : Ce même style que vous n'adopteriez pas pour traiter d'une « femme superbe » rencontrant par hasard un jeune mysanthrope... Le « style français » est un phénix qui n'attend que son heure pour renaître de ses cendres. Le « style français » est sublime s'il traite du feu, mais il n'est que du vent s'il ne traite que de la terre. Il renaîtra ! Vous verrez... Méfiez vous de l'eau qui dort.
Nicolas d’Estienne d’Orves est né en 1974. Après cinq ans de pensionnat, des études de lettres et des stages dans le milieu de l’opéra, il embraye sur le journalisme et collabore pendant cinq ans au Figaro Littéraire et à Madame Figaro. Il a également travaillé sur France Musique, dont il a été renvoyé pour blasphème et pornographie (si si!).
Il est aujourd’hui critique musical (classique) au Figaro et à Classica, et chroniqueur au Figaroscope.
A partir de 2001, il a beaucoup (trop?) publié : nouvelles (Le Sourire des enfants morts, Le Regard du poussin, La Sainte famille), essais (Les aventures extraordinaires de l’opéra, Bulletin blanc, Quoi dire quand?, Jacques Offenbach), romans (Un été en Amérique, Rue de l'autre monde; Les derniers jours de Paris)… Parmi ses romans, Othon a reçu le prix Roger-Nimier 2002, Fin de Race le prix Jacques Bergier, Les Orphelins du mal sont traduits en 13 langues. Dans le récit intitulé Je pars à l'entracte (NiL éditions), il s'adresse à un ami mort. Son dernier né, Les Fidélités successives, est une fresque romanesque sur les errements d'un jeune homme dans le Paris de l'occupation.
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Il est vrai que ce style, si dense, si riche, si "francais" ; encombré de cent noms stériles et d'inutiles pléonasmes ; ce style crachant milles salades décrépites à la face aveugle et inerte de son prochain ; ce style impérieux enfin, parfois baratineur, sied bien mal à des sentiments si simples et si communs que la courte joie d'un homme, sa tristesse succincte, ses brèves passions, ses petites hontes passagères, ou la surprise, puis le chagrin qu'il éprouve en découvrant, face à son âpre miroir doré, que son peigne est brutalement retenu par deux petites cornes de bois aux cotés de son crâne... L'emphase ne peut qu'entraver notre époque. La mode est à monsieur Tout-le-monde, ce que la grandiloquence est aux génies ; aux génies du mal ou aux génies du bien, qu'importe ! Elle est aux génies narcissiques... Quel style adopteriez-vous pour faire l'éloge d'un conquérant, de JJ Rousseau, de Baudelaire, de Dom Juan, du Lorrenzo de Musset, ou de n'importe lequel de ces sages fous, si français dans leurs âmes égocentriques ? Réponse : Ce même style que vous n'adopteriez pas pour traiter d'une « femme superbe » rencontrant par hasard un jeune mysanthrope... Le « style français » est un phénix qui n'attend que son heure pour renaître de ses cendres. Le « style français » est sublime s'il traite du feu, mais il n'est que du vent s'il ne traite que de la terre. Il renaîtra ! Vous verrez... Méfiez vous de l'eau qui dort.
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