La poésie se  porte mal. Elle ne fait plus recette. Et s’il fallait la chercher ailleurs ? Une  heure de télévision avec Philippe Poutou est un moment de vraie poésie. Oh, pas  d’alexandrin, chez l’ami Poutou ; encore moins de métrique. Plutôt une espèce  d’innocence brute, pas toujours dupe d’elle-même mais étonnamment sympathique.  Il a du charme, l’ouvrier de chez Ford. Moins tête-à-claque que son prédécesseur  Besancenot au N.P.A., moins rhéteur aussi, il en est le clone blanc, le double  épuré. Il y a du Parsifal, chez Poutou : le chaste fol découvre le monde avec  une joie écarquillée et des rêves de suffragettes. Le visage lumineux, le cheveu  en pétard, la joue pileuse, il veut tout foutre en l’air. Supprimer la  Présidence de la République, interdire le licenciement, exproprier les banques… Il ne semble pas mettre en doute la réussite de son programme. «ça marchera comme ça, parce que du pognon :  il y en a ! ». Il rappelle ces adolescents échevelés qui croient découvrir  l’amour tristanien quand une belle leur a accordé un premier baiser. Tout lui  semble possible, puisque rien n’est plus absolu qu’un rêve. Demandez-lui  d’approfondir, d’expliquer ses méthodes, ses vues économiques : « ça veut pas dire que c’est simple », « je  suis pas assez pointu pour ça », « il faudra qu’on discute ». Discuter de  qui ? De quoi ? On ne sait pas trop mais ce n’est pas grave, car le sourire de  Poutou crucifiera le Mur de Fédérés, ressuscitera les espoirs de 36. Et si  quelques têtes tombent au passage (« les  enfoirés de patron ») ce ne seront que les poux dans la tête du lion. Car  l’avenir va rugir, l’avenir va rougir : ensanglanté d’espoir, éviscéré de  liberté. Gare à la hache ! dimanche 1 avril 2012
Tout sur le Poutou (Bien vu, Figaro, 2 avril 2012)
La poésie se  porte mal. Elle ne fait plus recette. Et s’il fallait la chercher ailleurs ? Une  heure de télévision avec Philippe Poutou est un moment de vraie poésie. Oh, pas  d’alexandrin, chez l’ami Poutou ; encore moins de métrique. Plutôt une espèce  d’innocence brute, pas toujours dupe d’elle-même mais étonnamment sympathique.  Il a du charme, l’ouvrier de chez Ford. Moins tête-à-claque que son prédécesseur  Besancenot au N.P.A., moins rhéteur aussi, il en est le clone blanc, le double  épuré. Il y a du Parsifal, chez Poutou : le chaste fol découvre le monde avec  une joie écarquillée et des rêves de suffragettes. Le visage lumineux, le cheveu  en pétard, la joue pileuse, il veut tout foutre en l’air. Supprimer la  Présidence de la République, interdire le licenciement, exproprier les banques… Il ne semble pas mettre en doute la réussite de son programme. «ça marchera comme ça, parce que du pognon :  il y en a ! ». Il rappelle ces adolescents échevelés qui croient découvrir  l’amour tristanien quand une belle leur a accordé un premier baiser. Tout lui  semble possible, puisque rien n’est plus absolu qu’un rêve. Demandez-lui  d’approfondir, d’expliquer ses méthodes, ses vues économiques : « ça veut pas dire que c’est simple », « je  suis pas assez pointu pour ça », « il faudra qu’on discute ». Discuter de  qui ? De quoi ? On ne sait pas trop mais ce n’est pas grave, car le sourire de  Poutou crucifiera le Mur de Fédérés, ressuscitera les espoirs de 36. Et si  quelques têtes tombent au passage (« les  enfoirés de patron ») ce ne seront que les poux dans la tête du lion. Car  l’avenir va rugir, l’avenir va rougir : ensanglanté d’espoir, éviscéré de  liberté. Gare à la hache ! 
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